Selon Capital Finance, la valeur des transactions en M&A a chuté de 47% en France en 2022 et leur nombre de 8%. Encore convient-il de distinguer les grosses transactions semble t’il plus impactées que les transactions dites midcap. Cette tendance semble se confirmer en 2023.
Les raisons sont, comme l’on sait, l’augmentation des taux d’intérêts non encore compensée par l’inflation, la volatilité des marchés financiers, et aussi, selon nous, la baisse des marges des entreprises, des acquéreurs attentistes en espérant des baisses de prix de leurs cibles et peu enclins à détacher des équipes compétentes et pérennes, donc précieuses, pour reprendre en main la gestion des sociétés acquises pour peu que le prix demandé intègre leur fragilité et leurs risques latents.
La compétence en pure fusion-acquisition, et plus en acquisition qu’en fusion, a besoin de la compétence en financement pour finaliser un rapprochement d’entreprise. Ces deux compétences ne sont pas les mêmes. Le conseil en acquisition vend presque toujours un rêve nécessaire, utile et stimulant dans lequel l’acquéreur se projette. Le financeur, qui travaille avec des marges faibles lorsqu’il prête, ou des risques de plus en plus élevés s’il investit, est de plus en plus regardant sur la qualité de ce qu’il finance.
Or, la situation actuelle en France est celle à la fois d’une surabondance de liquidité, d’une inflation supposée éroder cette surabondance et qui élève le coût de la dette, d’une surévaluation de la valeur d’un grand nombre d’actions cotées et, encore plus que probablement, non cotées, d’une part de plus en plus importante de goodwill dans les valeurs des actions, d’une aversion au risque, et d’une fragilisation du tissu des entreprises. En toute logique, un grand nombre de financeurs, plutôt que d’initier des opérations nouvelles, se focalisent sur les opérations qu’ils connaissent déjà pour optimiser celles-ci comme la restructuration de dettes, le refinancement d’actifs, la constitution de pôles métiers appelée aussi build-ups, les opérations dites « secondaires » d’entreprises cotées ou de private equity.
La notation des PME, qui renforce ses positions sur le marché depuis une quinzaine d’années, peut contribuer au début d’une nouvelle ère en injectant des critères financiers et extra financiers pour éclairer les financeurs sur un certain niveau de risque.
La compétence de financement aura un besoin de plus en plus impérieux de compétence en évaluation financière et stratégique selon de bonnes pratiques communes, quitte à définir celles-ci, afin de contribuer au renforcement du tissu industriel et économique de notre pays.
Publié sur Linkedin par Louis-Victor d’Herbès le 9 octobre 2023.