Une réflexion salutaire s’engage actuellement à Paris sur l’analyse financière des sociétés cotées, et notamment sur les plus petites d’entre elles dans le cadre d’une réglementation Européenne – Mifid II – qui vise très légitimement à isoler les coûts de transaction d’une part, et les coûts d’analyse financière d’autre part, en vue d’une plus grande transparence pour le client investisseur. Cette isolation des offres, comparable à celle à laquelle les industriels se plient depuis bien des années, met sous pression un certain nombre d’opérateurs actuellement et oblige certains d’entre eux à une réelle catharsis.
Ce débat pourrait être tenté de souligner que l’analyse financière des petites et moyennes valeurs coûte trop cher, car ces valeurs génèrent trop peu de volumes de transactions pour rentabiliser de telles analyses. Il est vrai aussi que les petites valeurs sont plus risquées que les plus grandes, et nécessitent que le risque et le potentiel de plus-value qu’elles représentent soient aussi bien éclairés que possible.
Les petites et moyennes sociétés performantes doivent avoir un accès au marché financier. Au-delà de l’aspect purement républicain de cette affirmation, nombre de beaux parcours boursiers en France ont entraîné et entraînent des investisseurs sur de belles trajectoires, même si des histoires tristes existent aussi : la contrepartie du profit potentiel est le risque potentiel, comme chacun sait. Même si les vents contraires existent, il est obligatoire de souligner l’existence d’une entreprise cotant moins de 20 millions € à son entrée en Bourse en 1997 et valant 7,9 milliards € au 13 septembre 2019.
Il revient aux entreprises d’être conseillées par des professionnels qui (i) ne les poussent pas à présenter des prévisions ou des sublimations (au sens chimique du terme) trop agressives (ii) n’utilisent pas de taux d’actualisations inadaptés pour ces mêmes prévisions et (iii) sachent accompagner les entreprises dans la fixation d’un prix d’action qui appréhende prudemment le futur en s’appuyant aussi sur les réalisations passées.
Un eco-système responsable va immanquablement se créer sur ce sujet qui relève directement et au moins de la Responsabilité Sociale des Entreprises, et de l’écologie financière, car l’épargne dont notre pays a tant besoin doit être protégée pour notamment faire face aux engagements de solidarité. Au moment où le débat sur les retraites commence, l’investissement en action de sociétés de taille plus petites pourrait constituer une source supplémentaire de prospérité si l’analyse financière était plus développée.
Une entreprise survalorisée entrant en Bourse qui ne tient pas ses prévisions ne peut plus lever d’argent, ou ne peut le faire qu’à condition d’accepter un prix très bas pour ses actions, ou un taux élevé pour ses emprunts, ce qui aurait pu être évité si le prix d’introduction avait été raisonnable.
Il revient aux analystes financiers de la Place de Paris qui travaillent sur évaluations des entreprises et notamment celles qui entrent en Bourse d’adopter d’autres paradigmes.
Un nouvel ordre va émerger : l’écologie financière, dans le prolongement de la mission des entreprises. Des talents plus jeunes vont pouvoir y contribuer.
Je lance un appel à l’écologie financière, qui consiste à adosser une monnaie d’Etat non virtuelle à une contrepartie non dérivée, cette contrepartie devant être aussi matérielle et tangible que possible, ainsi que facilement mesurable.
Publié sur Linkedin par Louis-Victor d’Herbès le 13 septembre 2019.