Comment transformer cette situation en nouvelles opportunités ?
- Constat :
Au cours des années 2021, 2022 et 2023, le nombre d’opérations primaires (donc hors transferts d’un marché à l’autre) portant sur des entreprises dont le siège social ou la maison-mère est en France (code d’identité boursière commençant par FR) observé sur les 3 marchés d’Euronext Paris a été de :
. 42 en 2021 : 29 offres publiques ou IPO, et 13 cotations directes (incluant Spacs et Placements privés),
. 21 en 2022 : 11 IPO et 10 cotations directes,
. 7 en 2023 : 6 IPO et 1 seule cotation directe.
Euronext Growth, le marché européen des valeurs de croissance a accueilli 21 sociétés en 2021, 10 en 2022 et 6 en 2023.
Le total des capitalisations boursières tous marchés des sociétés entrées en bourse s’élève au 31/12/2023 :
. à 0,9 G€ comparé à 1,5 G€ sur l’année 2021,
. à 0,5 G€ comparé à 1 G€ sur l’année 2022,
. à 0,15 G€ comparé à 0,25 G€ sur l’année 2023.
Le nombre de sociétés dont le code ISIN commence par FR radiées définitivement de la cote a été de 35 en 2021, 37 en 2022, 39 en 2023.
Le flux net de nombre de sociétés cotées est donc négatif de 14 en 2021, 27 en 2022 et de 33 en 2023, soit un total de 74 sociétés françaises sorties de la cote en 3 ans.
On comptait 864 sociétés cotées à Paris au 30 novembre 2023, dont 736 avec code d’identité commençant par FR.
- Premières conclusions :
En tant que Listing Sponsor et conseil en ouverture du capital et en financement des entreprises, nous ne trouvons plus depuis plusieurs années de nouvelles sociétés que nous estimons aptes à mener une trajectoire porteuse de prospérité consistante pour elles et leurs actionnaires sur un marché financier. Notre efficacité commerciale s’est probablement émoussée au fil des heures perdues pendant des années à fournir des fourchettes d’évaluation à des entreprises qui s’en servaient pour concrétiser d’autres opérations. Cette période est révolue.
Nous nous sommes adaptés en conséquence et nous constatons que :
. L’attrition des introductions en bourse, observée depuis le début des années 2000 et confirmée depuis, se poursuit inexorablement : est-ce voulu ?
. La fragilité économique constatée par les pertes de valeur concerne toutes les entreprises : cotées, et celles qui ne le sont pas. Cela se voit chez les entreprises cotées car elles publient des chiffres directement exploitables. Cela ne se voit pas du tout dans les entreprises non cotées alors qu’elles mobilisent une épargne considérable via les fonds spécialisés qui en sont actionnaires ou obligataires.
. La valorisation des entreprises cotées sert de matière première essentielle dans l’utilisation de la méthode dite « des comparables » pour les évaluations de sociétés non cotées. La cote parisienne ne fournit plus suffisamment d’entreprises nécessaires à l’évaluation des entreprises non cotées. Les évaluateurs doivent enrichir leurs données sur d’autres marchés financiers, avec les biais que cela peut induire parfois.
. Le contexte de surévaluation des sociétés présentées à la cote se confirme. Les causes en sont multiples, complexes, voire très subtiles.
- Le défi pour la place de Paris revêt, au-delà de considérations commerciales, 4 enjeux :
. proposer aux investisseurs professionnels et individuels des idées d’investissements représentatives du tissu industriel de notre pays : enjeu de démocratie économique et de (bio) diversité.
. sortir d’un fantasme selon lequel les opérations financières privées sont préférables aux opérations publiques, ouvertes : enjeu de libération du piège subtil d’une finance comportementale,
. rendre public les calculs de fixation des entreprises présentées à la cote, comme cela existait jusqu’à disparition progressive depuis 20 ans : enjeu de partage de données d’opérations qui concernent tous les investisseurs, professionnels et individuels, en partant du principe que ce qui est écrit et public est souvent plus rigoureux que ce qui ne l’est pas,
. faire, dans le prolongement du point précédent, appliquer aux professionnels habilités à parler « financement des entreprises et ouverture du capital » aux entrepreneurs un code de bonne conduite, intégrant l’obligation de comparer de façon pédagogique et sincère les différentes sources de financement possibles : enjeu d’appliquer le « devoir de conscience envers autrui », prévu à l’article 1100 de notre Code civil.
La situation est urgente, et la traiter ouvre de nouveaux horizons de croissance.